Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/182

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loponnèse, et qui devait seul lui assurer l’empire de la Grèce. C’était un port vaste et commode ; c’était une marine formidable, dont elle était redevable à la prévoyance de ce rustre de Thémistocle qui ne savait pas jouer de la flûte. On pourrait donc être surpris qu’Athènes, avec tant d’avantages, ait pourtant enfin succombé. Mais quoique la guerre du Poloponnèse, qui a ruiné la Grèce, n’ait fait honneur ni à l’une ni à l’autre république, et qu’elle ait surtout été de la part des Lacédémoniens une infraction des maximes de leur sage législateur, il ne faut pas s’étonner qu’à la longue le vrai courage l’ait emporté sur les ressources, ni même que la réputation de Sparte lui en ait donné plusieurs qui lui facilitèrent la victoire. En vérité, j’ai bien de la honte de savoir ces choses-là, et d’être forcé de les dire.

L’autre observation ne sera pas moins remarquable ; en voici le texte, que je crois devoir remettre sous les yeux du lecteur.

« Je suppose que tous les états dont la Grèce était composée eussent suivi les mêmes lois que Sparte, que nous resterait-il de cette contrée si célèbre ? À peine son nom serait parvenu jusqu’à nous. Elle aurait dédaigné de former des historiens pour transmettre sa gloire à la postérité ; le spectacle de ses farouches vertus eût été perdu pour nous ; il nous serait indifférent, par conséquent, qu’elles eussent existé ou non. Les nombreux systèmes de philosophie qui ont épuisé toutes les combinaisons possibles de nos idées,