Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/198

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une seule mène à la vérité… » Voilà précisément ce que je disais. « Faut-il être surpris qu’on se soit mépris si souvent sur celle-ci, et qu’elle ait été découverte si tard ? » Ah ! nous l’avons donc trouvée, à la fin.

« On nous oppose un jugement de Socrate, qui porta, non sur les savants, mais sur les sophistes, non sur les sciences, mais sur l’abus qu’on en peut faire. » Que peut demander de plus celui qui soutient que toutes nos sciences ne sont qu’abus, et tous nos savants que de vrais sophistes ? « Socrate était chef d’une secte qui enseignait à douter. » Je rabattrais bien de ma vénération pour Socrate si je croyais qu’il eût eu la sotte vanité de vouloir être chef de secte. « Et il censurait avec justice l’orgueil de ceux qui prétendaient tout savoir. » C’est-à-dire l’orgueil de tous les savants. « La vraie science est bien éloignée de cette affectation. » Il est vrai, mais c’est de la nôtre que je parle, « Socrate est ici témoin contre lui-même. » Ceci me paraît difficile à entendre, « Le plus savant des Grecs ne rougissait point de son ignorance. » Le plus savant des Grecs ne savait rien, de son propre aveu ; tirez la conclusion pour les autres, « Les sciences n’ont donc pas leurs sources dans nos vices. » Nos sciences ont donc leurs sources dans nos vices. « Elles ne sont donc pas toutes nées de l’orgueil humain. » J’ai déjà dit mon sentiment là-dessus. « Déclamation vaine, qui ne peut faire illusion qu’à des esprits prévenus. » Je ne sais point répondre à cela.