Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/205

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c’est de donner l’exclusion au sentiment contraire : quiconque s’y prend ainsi a bien l’air d’un homme de mauvaise foi, qui se défie de la bonté de sa cause. Toute la France est dans l’attente de la pièce qui remportera cette année le prix à l’académie française[1] : non-seulement elle effacera très-certainement mon discours, ce qui ne sera guère difficile ; mais on ne saurait même douter qu’elle ne soit un chef-d’œuvre. Cependant, que fera cela à la solution de la question ? rien du tout ; car chacun dira, après l’avoir lue : « Ce discours est fort beau ; mais si l’auteur avait eu la liberté de prendre le sentiment contraire, il en eût peut-être fait un plus beau encore. »

J’ai parcouru la nouvelle Réfutation ; car c’en est encore une, et je ne sais par quelle fatalité les écrits de mes adversaires qui portent ce titre si décisif sont toujours ceux où je suis le plus mal réfuté. Je l’ai donc parcourue cette réfutation, sans avoir le moindre regret à la résolution que j’ai prise de ne plus répondre à personne ; je me contenterai de citer un seul passage, sur lequel le lecteur pourra juger si j’ai tort ou raison ; le voici :

« Je conviendrai qu’on peut être honnête homme sans talents ; mais n’est-on engagé dans la société qu’à être honnête homme ? Et qu’est-ce qu’un honnête homme ignorant et sans talents ? un fardeau inutile, à charge même à la terre, etc. » Je ne répondrai pas, sans doute, à un auteur ca-

  1. Voyez ci-devant la note 6 de la page 92.