Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


RÉSUMÉ
DE LA QUERELLE.



Il faut, malgré ma répugnance, que je parle de moi ; il faut que je convienne des torts que l’on m’attribue, ou que je m’en justifie. Les armes ne seront pas égales, je le sens bien ; car on m’attaquera avec des plaisanteries, et je ne me défendrai qu’avec des raisons : mais pourvu que je convainque mes adversaires, je me soucie très-peu de les persuader. En travaillant à mériter ma propre estime, j’ai appris à me passer de celle des autres, qui, pour la plupart, se passent bien de la mienne. Mais, s’il ne m’importe guère qu’on pense bien ou mal de moi, il m’importe que personne n’ait droit d’en mal penser ; et il importe à la vérité que j’ai soutenue, que son défenseur ne soit point accusé justement de ne lui avoir prêté son secours que par caprice ou par vanité, sans l’aimer et sans la connaître.

Le parti que j’ai pris dans la question que j’examinais il y a quelques années, n’a pas manqué de me susciter une multitude d’adversaires[1], plus at-

  1. On m’assure que plusieurs trouvent mauvais que j’appelle mes adversaires, mes adversaires, et cela me paraît assez croyable dans un siècle où l’on n’ose plus rien appeler par son nom. J’apprends