Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/347

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qui se trouvèrent entre les particuliers au moment de l’institution. Un homme était-il éminent en pouvoir, en vertu, en richesses ou en crédit ? il fut seul élu magistrat, et l’État devint monarchique ; si plusieurs à peu près égaux entre eux l’emportaient sur tous les autres, ils furent élus conjointement, et l’on eut une aristocratie. Ceux dont la fortune ou les talents étaient moins disproportionnés et qui s’étaient le moins éloignés de l’état de nature gardèrent en commun l’administration suprême et formèrent une démocratie. Le temps vérifia laquelle de ces formes était la plus avantageuse aux hommes. Les uns restèrent uniquement soumis aux lois, les autres obéirent bientôt à des maîtres. Les citoyens voulurent garder leur liberté, les sujets ne songèrent qu’à l’ôter à leurs voisins, ne pouvant souffrir que d’autres jouissent d’un bien dont ils ne jouissaient plus eux-mêmes. En un mot, d’un côté furent les richesses et les conquêtes, et de l’autre le bonheur et la vertu.

Dans ces divers gouvernements, toutes les magistratures furent d’abord électives, et quand la richesse ne l’emportait pas, la préférence était accordée au mérite qui donne un ascendant naturel et à l’âge qui donne l’expérience dans les affaires et le sang-froid dans les délibérations. Les anciens des Hébreux, les Gérontes de Sparte, le Sénat de Rome, et l’étymologie même de notre mot Seigneur montrent combien autrefois la vieillesse était respectée. Plus les élections tombaient sur des