des sectes, et l’on oublia la patrie. Au noms sacrés de liberté, de désintéressement, d’obéissance aux lois, succédèrent les noms d’Épicure, de Zénon, d’Arcésilas. « Depuis que les savants ont commence à paraître parmi nous, disaient Leurs propres philosophes, les gens de bien se sont éclipsés[1]. » Jusqu’alors les Romains s’étaient contentés de pratiquer la vertu ; tout fut perdu quand ils commencèrent à l’étudier.
Ô Fabricius ! qu’eût pensé votre grande âme, si, pour votre malheur, rappelé à la vie, vous eussiez vu la face pompeuse de cette Rome sauvée par votre bras, et que votre nom respectable avait plus illustrée que toutes ses conquêtes ? « Dieux ! eussiez-vous dit, que sont devenus ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ? Quelle splendeur funeste a succédé à la simplicité romaine ? quel est ce langage étranger ? quelles sont ces mœurs efféminées ? que signifient ces statues, ces tableaux, ces édifices ? Insensés, qu’avez-vous fait ? Vous, les maîtres des nations, vous vous êtes rendus les esclaves des hommes frivoles que vous avez vaincus ! Ce sont des rhéteurs qui vous gouvernent ! C’est pour enrichir des architectes, des peintres, des statuaires, et des histrions, que vous avez arrosé de votre sang la Grèce et l’Asie ! Les dépouilles de Carthage sont la proie d’un joueur de flûte ! Romains, hâtez-vous de renver-
- ↑ Postquam docti prodicrunt, boni desunt. Senec. ep. 95. — Le même passage est cité par Montaigne, Liv. i, chap. 24.