Page:Roussel - Cosmologie hindoue d’après le Bhâgavata purâna.djvu/11

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Christ, ils ont cherché par-dessus tout à vieillir sa rédaction, afin de s’autoriser à crier au plagiat et à soutenir que l’enseignement chrétien est originaire de l’Inde, et que Vishnu-Krishna est le type de l’Homme-Dieu. Cette constante préoccupation leur a fait voir bien des choses qui n’existèrent jamais que dans leur imagination de sectaires.

Par contre, certains Chrétiens, plus émus que de raison des assertions arbitraires des ennemis de leur foi, et s’imaginant que leur dogme était en péril, ont descendu le plus bas possible la date du Bhâgavata-Purâna, dans le but d’écarter des écrivains évangéliques tout soupçon de plagiat ; pour eux Krishna est la copie, non le modèle du Christ.

Examinons le problème sans autre préoccupation que celle de la vérité.

M. Barth[1] observe que des dix-huit Purânas principaux, parmi lesquels le Bhâgavata et le Vishnu-Purâna, les deux plus importants, pas un n’est daté ; qu’ils se citent, presque tous, les uns les autres, et que leur période de rédaction comprend peut-être une dizaine de siècles. Les Brahmanes qui basent le culte de Krishna sur le Bhâgavata font remonter ce poème, ce livre saint, à une antiquité prodigieuse, sans d’ailleurs lui assigner de date précise ; ils veulent que son auteur, sur le nom duquel ils ne s’accordent pas, quand toutefois ils lui donnent un nom, ait été inspiré du ciel. Mais un grand nombre d’autres Brahmanes, versés dans la littérature purânique, soutiennent que cet ouvrage célèbre fut composé, vers le xiie siècle de notre ère, par un grammairien très connu, appelé Vopadeva (ou Sopadeva) qui ne s’inspira jamais que de sa science profonde des traditions Krishnaïtes[2].

  1. Religions de l’Inde, 112.
  2. Wilson, Essays on the Religion of the Hindus. London 1869, IIe vol. 69.