Page:Roussel - Cosmologie hindoue d’après le Bhâgavata purâna.djvu/17

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n’est jamais obscurcie par l’erreur, l’Être existant, l’Absolu[1]. »

Il est, dans ce fracas de mots, plus d’une note qui nous échappe et que l’auteur ne saisissait peut-être pas très nettement lui-même; d’ailleurs, nous ne prendrons que ce qui nous importe davantage ; le reste nous devrons le négliger, nous rappelant que si


Le secret d’ennuyer est celui de tout dire,


le secret d’embrouiller tout est peut-être celui de prétendre tout éclaircir et démêler.

L’Être dont parle le poète est Vishnu-Bhagavat et non Brahmâ auquel cependant on attribue plus spécialement la Création du monde, et Vishnu lui-même, ainsi que nous aurons souvent lieu de le constater, dans la suite, c’est moins la seconde personne de la trinité hindoue, de la trimûrti, que Brahme lui-même, le Turîya qui plane au-dessus de tous les Dieux et seul épuise le concept de l’Infini.

Cet Être s’unit aux choses et il en reste distinct. Nous verrons plus tard cette distinction s’effacer de plus en plus. Viendra même le moment où Dieu s’unira si étroitement au reste des êtres et les pénétrera d’une façon si intime et si complète qu’on ne pourra plus les distinguer de lui ; c’est qu’il les aura tous absorbés. Peut-être serons-nous tentés de féliciter alors ces derniers d’être devenus Dieu ; le poète arrêtera notre élan par cette observation que rien n’exista jamais que Dieu ; le reste n’étant qu’illusion, qu’un jouet de sa Mâyâ, de cette faculté prestidigitatrice qui lui permet de se donner, quand il lui plaît, le spectacle gratuit d’images sans réalité, d’ombres sans corps si parfaitement imitées qu’elles commencent par se prendre au sérieux, les premières, et croire qu’elles

  1. 1. I, 1.