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l’aîné des Pâṇḍavas avait mis Draupadî comme enjeu, pas plus ses frères que les autres princes témoins de l’incident, c’est qu’ils reconnaissaient que tout se passait loyalement. Draupadi appartenait donc bien à Çakuni[1].

L’infortunée princesse, parmi ces contradictions, posa une fois de plus la question qu’il lui importait tant de voir résolue.

« Ô princes, ai-je été, oui ou non, perdue au jeu, qu’en pensez-vous ? »[2]

Bhîṣma, de nouveau, lui avoua qu’il n’en savait rien et que c’était à Yudhiṣṭhira de déclarer lui-même ce qu’il en était[3].

Mais Yudhiṣṭhira demeurait toujours plongé dans la stupeur et semblait n’avoir plus conscience, ni de ce qui se passait, ni de lui-même.

Précédemment, Duḥçâsana, sur l’ordre de son frère aîné Duryodhana et au refus du messager ou Prâtikâmin dont nous parlons plus haut, avait traîné Draupadî par les cheveux et voulait la dépouiller de ses vêtements, devant toute l’assemblée, sous prétexte qu’étant devenue l’esclave des Kurus, ceux-ci avaient le droit de là traiter comme bon leur semblait[4]. La malheureuse eut beau faire appel à la décence et à la pitié ; elle ne fut pas écoutée. Duḥçâsana, insensible à ses lamentations, lui arracha ses vêtements devant tous[5].

Draupadî appela Kṛṣṇa à son secours :

« Ô Govinda, toi qui habites Dvârakâ, Kṛṣṇa, aimé des Bergères… ô Janârdana, sauve-moi de l’océan des

  1. Id. 27 et seq.
  2. LXIX, 13.
  3. Id. 21.
  4. LXVII, 25 et seq.
  5. LXVIII, 40.