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conçoit, un sujet d’épouvante, un peu comme les Ogres, au temps du Petit-Poucet. Il y avait toutefois un moyen de se garantir de leurs atteintes, et même de transformer ces sortes de vampires en puissants protecteurs, du moins certains d’entre eux. La Râkṣasî Jarâ dit au roi Bṛhadratha, en lui remettant son fils :

« Celui qui, plein de dévotion, me peint sur les murs de sa maison, entourée d’enfants et florissante de jeunesse, voit sa famille prospérer ; autrement, elle marche à sa ruine »[1].

Précisément, son image se trouvait dans le palais de ce prince et elle y était honorée ; de là cette faveur précieuse, le salut d’un fils, qu’elle venait de lui accorder. Or, ce qui réussissait auprès de Jarâ pouvait réussir également auprès de ses congénères, surtout des Râkṣaṣîs, les Râkṣaṣas, peut-être, étant moins sensibles à de pareils hommages.

D’ailleurs, il est, pour attirer la prospérité sur soi et les siens des procédés généraux qui sont à la portée de tous. Dhṛtarâṣṭra les indiqua un jour à son fils Duryodhana que la puissance des Pâṇḍavas faisait sécher d’envie :

« Celui qui est inébranlable dans l’adversité, habile, toujours actif, vigilant et humble, voit tout lui réussir[2].

Malheureusement pour lui, l’humilité, sans parler des autres vertus, fit toujours défaut à Duryodhana, aussi échoua-t-il constamment dans ses entreprises qui ne parurent prospérer un moment que pour avorter complètement ensuite, et finalement aboutir à une catastrophe irrémédiable.

Les Pâṇḍavas, au rebours, pratiquèrent toutes les

  1. XVIII, 3 et seq.
  2. LIV, 8.