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vertus et méritèrent ainsi de traverser victorieusement les plus rudes épreuves et de remporter un triomphe décisif[1]. Le poète insiste particulièrement sur leur fidélité à remplir, chaque jour, leurs devoirs religieux :

« Tous (les Pâṇḍavas), leurs exercices de piété journaliers accomplis, et parfumés d’un santal divin, dans leur désir de prospérer, s’assurèrent les bénédictions des Brahmanes »[2].

Le moyen qu’ils employèrent, pour attirer sur eux ces bénédictions, ce furent les présents dont ils comblèrent les Brahmanes ; il était infaillible. La philosophie de Draupadî, pour n’avoir rien de raffiné, n’en était pas moins bonne, lorsqu’elle disait :

« L’Ordonnateur (des mondes)[3] répand ses deux (sortes de) dons[4] sur le fort et sur le faible (indistinctement)[5]. Mais le devoir seul, dit-on, est ce qu’il y a d’excellent dans le monde ; si nous l’observons, il nous procurera le bonheur »[6].

Ces deux sparçau jouent un peu le rôle des deux tonneaux remplis, l’un de biens, l’autre de maux, dans lesquels, au dire d’Homère, Jupiter puise indifféremment pour en combler, ou pour en accabler les humains[7].

Le devoir, dont parle Draupadî, était déifié : c’était Dharma. Nous avons vu que ce fut lui qui, lorsqu’elle implorait l’assistance de Kṛṣṇa, se rendit auprès d’elle sans être vu de personne, et la rhabillait au fur et à

  1. Cf. LXXIII. 4.
  2. LVIII, 35.
  3. Brahmâ.
  4. Le bien et le mal, dit la glose.
  5. Sur le sage et l’insensé, dit la glose.
  6. LXVII, 15.
  7. Iliade, XXIV, 527 et seq.