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« En moi est l’habileté, la force est dans Bhîma, et Arjuna nous prêtera son appui à tous les deux. Nous détruirons le roi des Magadhas, comme les trois feux (du sacrifice consument) l’offrande »[1].

La glose est muette sur ce passage ; mais nous pouvons constater que le Râjasûya comptait deux fois plus de feux que les autres sacrifices. Lorsqu’il s’agit d’interpréter des passages de ce genre, on se heurte à des difficultés le plus souvent insurmontables, car il s’agit d’un rituel légendaire qui probablement ne fut jamais en usage, ou, s’il le fut, qui subit, dans la suite des temps, des modifications dont il est impossible de suivre la trace.

Il n’est pas sans intérêt toutefois de savoir comment on concevait l’idée de sacrifice, à l’époque où se formèrent ces antiques légendes, et la façon dont on l’interprétait ; c’est ce qui nous décide à poursuivre cette étude.

Vaiçam̃pâyana observe que :

« Les Divinités furent rassasiées d’iḍa[2] de beurre clarifié, de homa[3], de libations (de soma etc., accompagnées d’invocations), dans ce sacrifice auquel procédaient de grands Ṛṣis, habiles dans la récitation des mantras. Ainsi que les Dieux, les Brahmanes furent comblés de dakṣinâs, de riz et de dons précieux. Il en fut de même de tous les ordres ; l’allégresse était générale »[4].

La vedi, l’enceinte sacrée, était remplie de Dieux, de Brahmanes et de grands Ṛṣis. On eut soin d’en écarter les Çûdras et, en général, les profanes, ceux qui n’avaient

  1. XX, 3.
  2. On appelle ainsi les libations de lait.
  3. Sorte d’offrande.
  4. XXXV, 18.