Page:Roussel - Idées religieuses et sociales de l’Inde ancienne.djvu/72

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hésita longtemps avant de consentir au défi que Duryodhana lui demandait l’autorisation de porter à Yudhiṣṭhira. De nouveau, il s’y résigna et commanda de tout préparer pour cela. Le narrateur fait cette observation :

« Le sage Dhṛtarâṣṭra, persuadé que le Destin était l’arbitre absolu, irrésistible, donna ses ordres à ses gens, à haute voix. Le roi consentit à ce que voulait son fils ; le Destin le privait de son intelligence »[1].

De son côté, Yudhiṣṭhira, nous l’avons vu, tout en sachant que cette partie de dés leur devait être funeste, à lui et aux siens, répondit néanmoins à la provocation de son adversaire, en disant :

« Le Destin nous prive de l’intelligence, comme un objet éblouissant de la vue. L’homme suit la volonté de l’Ordonnateur, comme l’animal tiré par le licol »[2].

Nîlakaṇṭha commente ainsi ce passage :

« On dira peut-être : puisque (les Pâṇḍavas) savaient qu’il y allait du salut de leur famille, pourquoi se rendirent-ils (au palais de Dhṛtarâṣṭra) ? La réponse, (Yudhiṣṭhira) la donne : C’est le Destin, dit-il. C’est-à-dire un Karman antérieur, etc. »

Ainsi donc, les fautes que, dans une précédente existence, ils avaient commises, Pâṇḍavas et Kurus devaient nécessairement les expier dans cette vie subséquente. C’est, par suite, l’homme qui fait sa propre destinée, puisque tout dépend de son Karman, de ses œuvres.

Lorsque Dhṛtarâṣṭra répondait à Vidura qui lui prédisait les conséquences désastreuses d’une querelle entre cousins :

« Si les Dieux nous sont favorables, il ne s’élèvera

  1. LVI, 17.
  2. LVIII, 18.