Page:Roussel - Idées religieuses et sociales de l’Inde ancienne.djvu/73

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point de discorde entre mes fils (et mes neveux) »[1]. Il ajoutait :

« Cette dissension n’a point de quoi m’effrayer, si le Destin n’est point contraire »[2]. Il posait là un fameux point d’interrogation, puisqu’il s’agissait de savoir si, dans quelque existence antérieure, ils s’étaient, lui et les siens, conduits d’une façon toujours irréprochable. Or il avait oublié son Karman d’alors et n’en savait pas la nature. Il insistait : « C’est en vertu des décrets de l’Ordonnateur que ce monde tout entier s’agite et non (en vertu d’un mouvement) qui lui soit propre »[3].

Nîlakaṇṭhâ dit ici que l’Ordonnateur, c’est l’Âme, le principe actif, auteur de toutes choses. Celui à qui ce principe fait accomplir un bon Karman va dans les mondes supérieurs ; cet autre, au contraire, va dans les mondes inférieurs à qui il fait pratiquer un mauvais Karman. Tel est, d’après lui, l’enseignement révélé. Donc tout dépend de l’œuvre et l’œuvre dépend elle-même du premier moteur, de Dieu, quel que soit le nom dont on l’appelle.

Yudhiṣṭhira, lui aussi, et dans les mêmes termes déclarait que le monde agit, non de lui-même, mais sous l’impulsion du Dhâtar, de l’Ordonnateur et conformément à sa volonté[4].

Il se rendit donc à Hâstinapura, sur l’ordre de Dhṛtarâṣṭra, et aussi de Kâla, de la Destinée, remarque le poète[5]. Il releva, nous l’avons vu, le défi de Çakuni, sous prétexte qu’il ne voulait pas reculer. Il ajouta :

  1. XLIX, 55.
  2. LVII, 4.
  3. Ibid.
  4. LVIII, 14.
  5. Id. 21.