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trou du mur où il se blottit, sous l’empire dé la crainte et de la haine, finit par se changer en guêpe »[1].

Après avoir insinué que l’on s’identifie plus sûrement à Dieu par la haine que par l’amour, le poète revient, à la fin, sur ce que cette doctrine a d’énorme. Il dit :

« Puisque les rois Çiçupâla, Paundra, Çâlva, etc., mus par des sentiments de haine, mais pour s’être représenté en pensée [Kṛṣṇa]… se sont identifiés à sa personne, que sera-ce de ceux qui l’aiment ? »[2]

Vyâsa, dans le Mahâbhârata, parle bien de la flamme miraculeuse, la fierce energy, comme Pratap traduit tejo’gvyam[3] qui sort du cadavre sanglant de Çiçupâla et de la rentrée de celui dans Kṛṣṇa (comme celle du Jivâtman dans le Paramâtman), mais il ne tire pas la morale du récit et ne fait point l’apologie de la haine.

Çiçupâla pourtant avait été plus qu’un insulteur de Kṛṣṇa-Viṣṇu, mais un ingrat. En effet, il était né monstre avec trois yeux et quatre bras. Kṛṣṇa par son seul contact l’avait débarrassé de ses membres superflus[4].

Ce fut à cette occasion que la mère de l’enfant adressa à son neveu cette prière : « Ô toi, la consolation des affligés, qui rassures ceux qui tremblent, etc. »[5], l’adjurant de ne pas tuer son fils. On sait la réponse du dieu incarné et ce qui advint.

Kuntî, elle aussi, savait à quoi s’en tenir sur Kṛṣṇa : « On dit que tu es sans commencement, ni fin et que tu sauves ceux qui fixent leur pensée sur toi »[6].

  1. 7, I, 27.
  2. 11, V, 48.
  3. XLV, 26.
  4. XLIII.
  5. Id. 20.
  6. LXXIX, 24.