Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/106

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Il tenait dans ses doigts un fragile instrument de métal, qu’il offrit le mieux possible aux regards de l’assistance en le faisant tourner lentement pour exposer alternativement toutes ses faces.

C’était une pratique semblable, en un peu plus grand, à ces jouets nasillards qui servent à copier la voix de Polichinelle.

Cuijper nous conta brièvement l’histoire de cette babiole, qui, inventée par lui, avait pu, en centuplant sa voix, ébranler jusque dans ses fondations le théâtre de la Monnaie à Bruxelles.

Chacun de nous se souvenait du bruit fait par les journaux autour de la Pratique de Cuijper, que nul facteur d’instruments n’avait su imiter.

Le ténor gardait jalousement certain secret qui, touchant la composition du métal et la forme de maintes circonvallations, donnait au précieux bibelot de fabuleuses qualités de résonance.

Craignant de multiplier les chances de vol et d’indiscrétions, Cuijper s’était limité à la fabrication d’un seul spécimen, objet de sa constante surveillance ; nous fixions donc en ce moment la pratique même qui, pendant toute une saison, lui avait servi à chanter les premiers rôles sur la scène de la Monnaie.

En achevant ces explications préliminaires,