Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/136

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fugitive après un bref repos. Leur nombre, l’échelonnement de leur taille, l’isolement ou la simultanéité des plongeons courts ou durables, fournissaient un choix infini de combinaisons favorisant la réalisation des conceptions les plus hardies. On eût dit quelque muet instrument, plaquant ou arpégeant des accords, tantôt maigres, tantôt prodigieusement touffus, dont le rythme et l’harmonie se renouvelaient sans cesse. Les courroies de transmission, par suite d’une souple élasticité, se prêtaient à ces continuelles alternatives d’allongement et de contraction. L’appareil entier, remarquable au point de vue agencement et huilage, fonctionnait avec une perfection silencieuse donnant l’impression d’une pure merveille mécanique.

Bedu attira notre attention sur les lisses, uniquement actionnées par les aubes dont un électro-aimant transmettait l’influence du coffre au plafond ; les fils conducteurs étaient dissimulés dans un des deux poteaux d’arrière, et cette méthode excluait l’emploi des cartons à trous du métier Jacquard. Aucune limite ne s’imposait aux variantes sans nombre obtenues dans la tire de tels groupes de fils coïncidant avec l’abaissement des autres. Jointe à l’armée polychrome de navettes, cette multiplicité de figures successives créées dans le mode d’écartement de la chaîne rendait abordable l’exécution de tissus