Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/135

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dans l’angle collectif des soies, vint s’enfoncer en face jusqu’au fond du compartiment toujours stable.

Un choc du battant sur la nouvelle duite fut suivi d’un ample manège des lisses, qui préparèrent le chemin du retour à la navette brusquement rejetée jusqu’à sa case.

Le travail continua suivant une marche invariable. Grâce à sa merveilleuse mobilité, le panneau plaçait tour à tour en face du compartiment fixe telle navette dont le double voyage coïncidait parfaitement avec la besogne du battant et des lisses.

Peu à peu la chaîne gagnait de notre côté, entraînée par la lente rotation de l’ensoupleau, large cylindre transversal auquel tous ses fils étaient rattachés. Le tissage s’effectuait rapidement, et bientôt une riche étoffe apparut à nos yeux, sous la forme d’une bande mince et régulière aux tons finement nuancés.

En bas les aubes faisaient tout agir à elles seules grâce à leur manœuvre complexe et précise, ― certaines restant presque incessamment immergées alors que d’autres baignaient seulement quelques instants dans le courant ; plusieurs, parmi les plus petites, n’effleuraient l’onde de leurs palettes que pendant une seconde, et se relevaient soudain, ayant accompli un quart de tour à peine, pour redescendre de la même façon