Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/182

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chargé de quelque substance traîtresse. En face de lui le poète et la Moresque épiaient avec bonheur la venue de ce sommeil pesant.

Ensuite surgit un merveilleux éden sur lequel le soleil de midi versait d’aplomb ses rayons brûlants. Au fond coulait une gracieuse cascade dont l’eau se teignait de reflets verts. Le poète et la Moresque dormaient côte à côte, à l’ombre d’une fleur fabuleuse pareille à quelque anémone géante. À gauche, un nègre accourait à la hâte comme pour avertir les deux amants menacés d’un danger imminent.

Le même décor, évoqué une seconde fois, abritait le couple amoureux monté sur un zèbre ardent qui prenait son élan pour une course effrénée. Assise en croupe derrière le poète solidement affourché, la Moresque brandissait, en riant, une bourse contenant quelques pièces d’or. Le nègre assistait à ce départ en esquissant un respectueux signe d’adieu.

Le site enchanteur s’éclipsait définitivement pour faire place à une route ensoleillée au bord de laquelle se dressait une échoppe chargée de victuailles. Étendue au milieu du chemin et soutenue par le poète anxieux, la Moresque, pâle, à bout de forces, recevait quelques aliments donnés par une marchande attentive et zélée.

À son apparition suivante, la Moresque remise