Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/207

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Ce premier symptôme provoqua un léger mouvement dans l’assistance anxieuse et troublée.

Le bras se tendait lentement vers la palette, pendant que la roue horizontale et sans jante, créée à son extrémité par l’étoile de pinceaux, s’élevait graduellement au sommet d’un essieu vertical, mû dans le sens de la hauteur par certaine rondelle dentée qu’une courroie de transmission pleine d’élasticité reliait directement à la sphère.

Les deux mouvements combinés conduisirent la pointe d’un des pinceaux sur une épaisse provision de couleur bleue accumulée vers le sommet de la palette. Les barbes se teintèrent rapidement, puis, après une courte descente, étalèrent les parcelles dérobées sur une portion vierge de la surface de bois. Quelques atomes de couleur blanche, pris de la même façon, furent déposés sur l’endroit récemment taché de bleu, et les deux tons, parfaitement amalgamés par un frottement prolongé, donnèrent un azur pâle très atténué.

Légèrement raccourci par une traction du fil métallique, le bras pivota doucement et s’arrêta, en haut, devant l’angle gauche de la toile soudée au chevalet. Aussitôt le pinceau imprégné de nuance délicate traça automatiquement sur le bord du futur tableau une bande de ciel mince et verticale.