Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/208

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Un murmure d’admiration accueillit cette première ébauche, et Louise, sûre désormais du succès, poussa un large soupir de satisfaction accompagné d’une bruyante fanfare de ses aiguillettes.

La roue de pinceaux, revenue devant la palette, tourna subitement sur elle-même, mue par une seconde courroie de transmission qui, faite comme la première d’un tissu extensible, disparaissait dans l’intérieur de la sphère. Un bruit sec se fit entendre, produit par un cran d’arrêt fixant solidement à la place privilégiée un nouveau pinceau aux barbes neuves et intactes. Bientôt plusieurs couleurs primitives, mélangées sur une autre portion de la palette, composèrent une teinte jaune d’or pleine de feux, qui, transportée sur le tableau, continua le ruban vertical déjà commencé.

En se retournant vers le Béhuliphruen, on pouvait vérifier l’exactitude absolue de cette succession brusque des deux nuances, formant une ligne nettement marquée dans le ciel.

Le travail se poursuivit avec précision et rapidité. Maintenant, pendant chaque visite faite à la palette, plusieurs pinceaux effectuaient tour à tour leurs différents amalgames de couleurs ; ramenés devant le tableau, ils défilaient de nouveau dans le même ordre, déposant tous sur la toile, en proportion parfois infime, leur coloris frais et