Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/254

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superstition, serait à l’abri de toutes recherches.

Une nuit, Mossem partit, emportant Sirdah dans ses bras ; le soir suivant, après une longue journée de marche, il atteignit la lisière de la Vorrh et, trop intelligent pour croire aux contes surnaturels, pénétra sans crainte sous les rameaux hantés offerts à sa vue. Arrivé à une vaste clairière, il déposa sur la mousse la petite Sirdah endormie, puis regagna la plaine par le chemin même qu’il venait de se frayer à travers l’épaisseur des branches et des lianes.

Vingt-quatre heures après il rentrait nuitamment à Éjur ; son départ et son retour s’étaient effectués sans témoins.

Pendant son absence, Rul s’était postée au seuil de la case impériale, afin d’en interdire l’accès. Sirdah était gravement malade, disait-elle, et Mossem restait aux côtés de l’enfant pour lui prodiguer ses soins. Après la rentrée de son complice, elle annonça la mort de Sirdah, et le lendemain on simula de pompeuses funérailles.

La tradition exigeait, pour chaque membre défunt de la famille souveraine, le tracé d’un acte mortuaire exposant avec détails le récit du décès. Possédant tous les secrets de l’écriture ponukéléienne, Mossem se chargea du travail et rédigea sur parchemin une relation imaginaire des derniers moments de Sirdah.