Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/255

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La douleur de l’empereur fut immense quand à son retour il apprit la mort de sa fille.

Mais rien ne put lui faire soupçonner la trame ourdie contre Sirdah ; les deux complices, ivres de joie, virent donc réussir à souhait l’odieuse machination qui faisait de leur fils l’unique héritier du trône.

Deux ans passèrent pendant lesquels Rul n’eut pas de nouvelle grossesse. Contrarié par cette stérilité, Talou, sans pour cela répudier celle qu’il croyait encore fidèle, se décida finalement à prendre d’autres épouses, dans l’espoir d’avoir une seconde fille dont les traits lui rappelleraient l’image de sa chère Sirdah.

Son attente fut déçue ; il n’engendra que des fils, qui ne parvinrent pas à lui faire oublier la pauvre disparue.

La guerre seule le distrayait de son chagrin ; sans cesse il entreprenait de nouvelles campagnes, reculant les limites de son vaste domaine et fixant de nombreuses dépouilles sur les sycomores de la place des Trophées.

Doué d’une sensibilité de poète, il avait commencé une vaste épopée dont chaque chant célébrait un de ses hauts faits d’armes. L’œuvre s’intitulait la Jéroukka, mot ponukéléien évocateur d’héroïsme triomphant. Plein d’ambition et d’orgueil, l’empereur s’était promis d’éclipser par sa personnalité tous les princes