Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/32

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Les esclaves emportèrent les restes de Gaïz-dûh, ainsi que la hache légèrement maculée.

Ils revinrent bientôt déposer devant Rao un brasier ardent où rougissaient, par la pointe, deux longues tiges en fer emmanchées dans de grossières poignées de bois.

Mossem, le deuxième condamné, fut agenouillé face à l’autel, la plante des pieds bien exposée et l’ongle des orteils touchant le sol.

Rao prit des mains d’un esclave certain rouleau de parchemin qu’il déploya largement ; c’était le faux acte mortuaire de Sirdah, tracé jadis par Mossem.

À l’aide d’une immense palme, un noir activait sans cesse le foyer, plein de vigueur et d’éclat.

Plaçant un genou en terre derrière le patient et tenant le parchemin dans sa main gauche, Rao saisit dans le brasier une tige brûlante dont il appuya la pointe sur l’un des talons offerts à sa vue.

La chair crépita, et Mossem, agrippé par les esclaves, se tordit de douleur.

Inexorable, Rao poursuivit sa tâche. C’était le texte même du parchemin qu’il copiait servilement sur le pied du faussaire.

Parfois il remettait dans le foyer la tige en service, pour prendre sa pareille, toute rutilante au sortir des braises.