Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/336

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car les mailles, bien que fines et solides, livrèrent passage au captif, qui retomba dans l’eau et reprit sa course folle.

Le jongleur et l’oie, un instant réunis près de l’ânesse, se croisèrent sans ralentir leur élan et disparurent bientôt dans des directions divergentes.

Selon toute évidence, le déboire d’Ursule était dû à une influence surnaturelle, car après l’événement aucune déchirure n’endommageait les mailles intactes du filet.

Trois nouveaux essais, séparés chaque fois par un an d’intervalle, donnèrent le même résultat négatif. Enfin, la cinquième année, Ursule eut un geste si habile et si prompt que le brochet atteignit le bord extrême de la rive sans avoir eu le temps de glisser à travers la trame emprisonnante.

Aussitôt les quatre consanguins reprirent leur forme humaine, et, terrifiés par l’éventuelle perspective d’un nouvel ensorcellement, quittèrent sans retard le pays, où nul ne les revit jamais.

En Angleterre, Soreau avait appris le fait suivant, rapporté dans ses Souvenirs sur Hændel par le comte de Corfield, ami intime du grand compositeur.

Dès 1756, Hændel, vieux et déjà privé de la vue depuis plus de quatre ans, ne sortait plus