Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/355

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cessa de battre. Alors, pareil à un somnambule, Fogar se leva et pénétra dans la mer.

Soutenu par l’élément compact, il garda facilement l’équilibre et descendit sans trébucher les pentes abruptes qui formaient la continuation du rivage.

Une fente de rocher lui donna subitement accès dans une sorte de labyrinthe profond et contourné qu’il explora au hasard en descendant toujours.

Libre et léger, il parcourut des galeries étroitement sinueuses, où jamais aucun scaphandrier n’eût osé risquer son tube d’aération.

Après mille détours il déboucha dans une vaste caverne, dont les parois, enduites de quelque substance phosphorescente, brillaient du plus somptueux éclat.

D’étranges animaux marins peuplaient de tous côtés ce féerique repaire, qui dépassait en magnificence les visions imaginaires créées à l’avance par l’adolescent.

Il suffisait d’étendre la main pour s’emparer des plus stupéfiantes merveilles.

Fogar fit quelques pas vers une éponge vivante qui se tenait immobile sur le rebord saillant d’une des parois. Les effluves phosphorescents, traversant le corps de l’animal, montraient, au sein du tissu imbibé, un cœur humain de petite taille relié à un réseau sanguin.