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sous les massifs du Béhuliphruen, avait passé bien des heures à composer maintes strophes sonores qui, prenant pour sujet la victoire remportée sur Yaour, devaient enrichir la Jéroukka d’un chant supplémentaire intitulé la Bataille du Tez.

À l’occasion de son sacre, l’empereur ferait chanter l’épopée entière par ses troupes ; mais le nouveau chant, terminé le matin même, était encore ignoré des guerriers noirs, et de longues études seraient nécessaires pour l’apprendre à un groupement aussi nombreux.

En conséquence, Talou confiait à Carmichaël le soin d’exécuter au jour dit, avec sa resplendissante voix de tête, la portion récente de son œuvre. Un tel choix aurait encore l’avantage de mettre en relief les strophes inconnues du vaste poème et de souligner cette première, devenue ainsi sensationnelle.

Pour chanter la Bataille du Tez le jeune Marseillais garderait son costume masculin, car Talou voulait se sacrer roi du Drelchkaff dans la toilette même qu’il portait le jour de sa victoire, toilette à grand effet dont la forme lui semblait particulièrement majestueuse. L’empereur comptait d’ailleurs faire partie du programme en vocalisant l’Aubade de Dariccelli.

Son explication achevée, Séil-kor remit à Carmichaël une large feuille de papier couverte par lui de mots étranges mais parfaitement