Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/61

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D’un mouvement vif, comme réparant un oubli véniel, il abaissa ainsi qu’un marchepied de calèche certaine pédale mobile, qui, précédemment dissimulée entre les deux cylindres, aboutissait, en se dépliant, jusqu’au niveau du sol.

Pesant avec sa semelle sur cet appui au ressort très souple, il fit agir le moteur électrique enfoui dans l’instrument, dont certains organes prirent l’essor.

Ce fut d’abord une lente cantilène qui s’éleva, tendrement plaintive, accompagnée par des arpèges calmes et réguliers.

Une roue pleine, ressemblant à quelque meule en miniature, frottait comme un archet sans fin certaine longue corde tendue au-dessus d’une plaque résonnante ; sur cette corde au son pur, des marteaux mus automatiquement s’abaissaient ainsi que des doigts de virtuose, puis se relevaient légèrement, créant sans lacune toutes les notes de la gamme.

La roue en modifiant sa vitesse exécutait toutes sortes de nuances, et le résultat donnait comme timbre l’impression exacte d’une mélodie de violon.

Contre un des murs de cristal se dressait une harpe, dont chaque corde était prise par un mince crochet de bois qui la pinçait en s’écartant pour reprendre ensuite, au moyen d’une courbe, sa position première ; les crochets se