Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/122

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Sur son masque, puis file.

Un homme qui plaisante
Mieux que lui, s’approchant aimablement, présente
À Roberte, en marchant, un vieux sac de bonbons
En papier bleu de ciel, disant qu’ils sont très bons
Et tout frais de six mois et qu’il faut qu’elle en goûte
Au moins un ; mais le sac bleu de ciel la dégoûte,
Tout sale et chiffonné, car il tire à sa fin ;
Elle répond : « Merci beaucoup, je n’ai pas faim. »
Il retire le sac aussitôt et s’excuse
Mille fois, puis le tend à Gaspard qui refuse
À son tour ; il lui dit qu’il a le plus grand tort ;
Et plongeant ses deux doigts dans le sac, il en sort
Ensemble, tout collés, cinq ou six sucres d’orge ;
Puis le sac refermé dans les doigts, à sa gorge
Avec son pouce il prend le bas du masque peint
Ridicule, qu’il a, toujours du même teint
Rose vif tout uni, qu’on voit à tout le monde ;
Courte sur son menton, une barbiche blonde,