Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/129

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Mais lui, sans s’émouvoir, lentement continue
Sa mélodie. Après l’ample note tenue
Sur « trépas » tout à l’heure, il a repris son air
En majeur. Tout à coup sur une note en l’air
Piano, qu’il a prise un peu trouble, de tête,
Roberte qui tenait toujours sa pelle prête,
Avec, sur le sommet de l’armature, un doigt,
Le manche comprimé déjà du pouce droit,
La lâche d’une main et, pour rire, se bouche
L’oreille en grimaçant d’un côté de la bouche
Pendant qu’elle fait : « Aïe ! » en fronçant un sourcil.
L’autre termine enfin. Il dit : « C’est pas gentil
De ne pas avoir mieux écouté ma romance. »
Il demande s’il faut qu’il la lui recommence
Pour qu’elle écoute mieux que ça cette fois-ci ;
Roberte lui répond : « Ah la la ! non, merci, »
Et qu’elle trouverait bien meilleur qu’il s’en aille
Sans adieux. Il se met à lui pincer la taille.
Mais Gaspard, qui depuis longtemps ne se contient
Qu’à regret, à cela, par exemple, intervient.