Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il tient à donner à Roberte une poignée
De main, répétant, qu’elle une fois éloignée
Ou qu’elle soit sur mer, sur terre, au pôle nord,
Son esprit la suivra toujours jusqu’à sa mort
À lui-même, qu’il croit décidément très proche ;
Que du reste il n’a pas de fiel, qu’il ne reproche
Rien à l’homme enrhumé, qu’il ne cherchera pas
À lui donner, avant de mourir, le trépas,
Qu’il a beaucoup trop peur du purgatoire. Il pousse
Un soupir sanglotant et très long ; puis il tousse
Chétivement et part en chantant : « Mardi-gras,
T’en vas pas. » Il se tourne en étendant le bras
Et reparle de la fidélité qu’il jure
De leur garder ; mais juste en plein dans la figure
Il reçoit, se taisant avec un soubresaut,
Des confettis ; il dit : « Holà ! ça m’a fait chaud
Dans tout le corps, j’en ai mal jusque dans la plante
Des pieds ; je n’ai jamais reçu si violente
Secousse. »