Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/262

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Gaspard lui dit : « Veux-tu t’asseoir ? »
Pendant qu’en avançant le menton il lui montre
Un des bancs exposés à gauche, qu’on rencontre
Seuls ou deux à la fois, tous les cinquante pas,
Et dont le dossier plat est mobile d’en bas ;
Celui-là, juste, a son dossier en équilibre,
Au milieu, droit ; Gaspard lui fait voir qu’on est libre,
Sans se donner de mal, de le mettre où l’on veut,
Qu’on n’a qu’à le pousser du petit doigt, qu’on peut
Aller se reposer et goûter la détente
De l’heure en regardant au loin, si ça la tente,
Et surtout qu’elle n’ait pas peur de prendre mal.
Roberte dit : « Vraiment c’est très original,
Ces dossiers complaisants ; mais il faut se connaître,
Pour pouvoir s’appuyer deux ensemble, ou bien être
D’accord, sans quoi c’est bien incommode ; ma foi,
Je crois que j’aime autant flâner un peu ; pas toi ?
Continuons encore. » Il lui répond : « C’est comme
Tu voudras, moi ça m’est indifférent en somme. »