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LA DOUBLURE


Par saccades ; le bout qu’il tient, ainsi, se tord
Un peu ; de ses deux doigts, pour le poids, il la presse
Solidement, ayant peu de prise. Il se dresse
À présent, et commence à s’essuyer avec
Les deux mains, en cherchant parfois un endroit sec
Quand la place devient mouillée et trop ancienne ;
Il est assez bien fait, d’une taille moyenne,
Et beaucoup de largeur d’épaules, plutôt grand.
Il remet la serviette à sa place, puis prend
En fouillant après un pendoir, dont il s’approche,
Une montre à la chaîne épaisse, dans la poche
Entre-bâillée au poids qui tire, d’un gilet
Tout pareil au veston ; voyant l’heure qu’il est,
Il s’apprête à finir de se rhabiller vite,
Car ce soir, vers minuit, Roberte, qui profite
De l’absence de Paul en voyage aujourd’hui,
Doit venir le rejoindre en cachette chez lui,
Où, dit-elle, elle croit se sentir disparue
Pour toujours, dans sa chambre étroite de la rue
Alibert.