Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les combattants fonçant dans la mêlée, en masses,
Les dissemblances des tactiques, la raideur
Des cadavres dans leur dernier geste, l’odeur
De la poudre montant, enivrante, aux narines,
Les balles arrivant juste en pleines poitrines,
Les drapeaux qu’on prend aux ennemis au milieu
Des coups de sabre sans nombre et des coups de feu,
Et pour couronner tout la victoire loyale.
Derrière l’enfant à l’allure martiale
Un homme donne à ses deux mains le mouvement
Sec et rythmique d’un superbe roulement
Qu’avec conviction apparente il veut faire
Sur un tambour absent et tout imaginaire ;
Il semble avoir de la poigne et bien attraper
Le geste routinier, agile, pour taper ;
Sa démarche possède aussi quelque nuance
De vantardise feinte et de belle arrogance ;
Il veut aussi donner l’illusion d’un preux
Inaccessible à la moindre peur, valeureux,
Prêt à sacrifier tout son sang pour la gloire,