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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/105

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Une canne ; l’enfant enorgueilli se campe
Devant sa troupe, il est volontairement fier,
Cherchant pour s’amuser à se donner grand air ;
Il chante à pleins poumons ; en marchant il se penche
En arrière, le dos de la main sur la hanche,
Inclinant quelque peu le corps ; sa fatuité
Est provocante et son aspect bien imité ;
Il s’applique à singer le confiant bravache
Qui frise volontiers son énorme moustache,
Qui n’admet pour un bel homme que le métier
Éclatant, glorieux entre tous, de guerrier,
Qui préfère aux accords nocturnes des guitares
Les notes du clairon, les cuivres des fanfares,
Qui ne se plaît que dans l’atmosphère des camps,
Qui ne rêve que de marches par tous les temps,
De batailles, de longs défilés, de conquêtes,
D’assauts donnés sous la fusillade, de têtes
Que viennent faucher au passage les boulets,
Qui raconte ce qu’il a vu : les beaux reflets
Miroitant pendant la charge sur les cuirasses,