Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/120

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Découvrant une scène émoustillante et drôle,
Comme si quelque acteur, en bas, jouait un rôle
Exprès pour lui donner du bon temps, du plaisir,
Pour le désennuyer et pour le divertir ;
Ses lunettes sont très faiblement supportées
Par son nez écrasé, plat ; elles sont teintées
Et leurs deux verres sont bombés ; un grand reflet
Étend sur leur surface un flamboiement complet,
Grâce auquel le regard est nul, inaccessible ;
On ne peut soupçonner même s’il est terrible,
Mauvais ou bienveillant, impitoyable ou doux,
Ni quels sentiments vrais il exprime en dessous ;
La pénétration obstinément tentée
Est vaine ; l’homme, avec sa main droite gantée,
Frise un peu sa moustache ; il fait ce mouvement
Par contenance, sans ardeur, distraitement,
Avec précaution ; c’est l’extrémité fine,
Pointue, irréprochable et droite qu’il fait mine
De ne pas vouloir un instant laisser en paix ;
Son gant est maladroit pour cette tâche, épais