Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais sans cesse un regard froid, presque méprisant,
Lui rappelle sa place effacée et servile ;
On entend qu’elle soit souple et qu’elle annihile
Tout vestige gênant de personnalité
Sous l’empire de la plate nécessité.
Elle porte à deux mains une vieille valise ;
Un groom, sanglé, correct, sans qu’elle le lui dise,
En la voyant chargée ainsi, s’est avancé,
Rempli d’intentions bonnes, vif, empressé,
Et s’est jeté sur la valise pour la prendre ;
Il brûle du désir sincère de se rendre
Utile en quelque chose ; il cherche à soulever
Doucement le gros sac pesant, pour arriver
À faire lâcher prise à la duègne ; il flaire
D’avance l’excellent pourboire et voudrait plaire ;
Comme service il n’a qu’à constamment ouvrir
Quelque porte vitrée et qu’à se découvrir
Devant les gens afin d’être avenant, aimable ;
ll est forcément plus sage, plus raisonnable
Que ne voudrait son âge ; il se livre très peu,