Quand il est debout ; mais sa forme qui dessine
La taille et couvre trop les jambes la destine
À la position raide, assise ; il lui faut,
Pour aller bien, un siège inabordable et haut.
Le cocher est un gros père calme et bonasse ;
Sa figure placide, inoffensive et grasse,
Lui donne une apparence étrange de poupard ;
Il raconte toujours la vérité sans fard ;
Sa franchise le rend en même temps crédule ;
On lui dirait : « Il fait nuit » lorsque la pendule
Marque midi précis, il répondrait : « Vraiment ! »
Car il ne peut jamais supposer que l’on ment,
Que l’on déguise sa pensée ou que l’on trompe ;
Il n’a jamais voulu croire que l’on corrompe
En certain cas les gens par des sommes d’argent ;
Il est si pur qu’il en est inintelligent ;
Il serait pleinement capable d’être dupe
D’un enfant de trois ou quatre ans, encore en jupe ;
On ne peut présumer l’exacte profondeur
De sa naïveté crasse, de sa candeur ;
Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/143
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.