Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/147

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Des bagages divers, multiples, s’entassant
Sur l’omnibus ; elle est fixe, s’intéressant
Au brave cocher dont les manœuvres futures
Seront sans doute très routinières et sûres,
Car il agit toujours de la même façon.
Seul, de l’autre côté du père, le garçon
Reste à deux ou trois pas ; il a les jambes nues ;
Toutes ces choses qu’il n’a pas encore vues
L’étonnent alentour ; du regard il parcourt
Lentement tout ce qui l’environne ; il est lourd,
Solidement construit, gras ; il tient de son père
Et ne grandira guère ; il possède une paire
De mollets dont la courbe imposante ressort ;
Il est, sans le vouloir, brutal, dangereux, fort ;
Ses camarades le craignent dans les disputes
Qui s’échauffent et qui dégénèrent en luttes ;
Ils redoutent ses coups de pied, ses coups de poing
Qui peuvent faire grand mal, car son embonpoint
N’est pas flasque ou malsain ; au contraire, il résiste,
Inattaquable, dur, insensible, et consiste