Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/146

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Veut l’aider à descendre et lui tend une main
Sur laquelle elle va peser ; sans être nain
Il est assez petit, court, pour qu’on le remarque ;
Il est trapu, bouillant, têtu ; quand il s’embarque
Dans la discussion d’un point quelconque, il faut,
À toute force, qu’il garde le dernier mot ;
Ses dires doivent être acceptés sans contrôles,
Sans examen ; il a le cou dans les épaules
Et son dos plat et droit surprend par sa largeur ;
Sa taille l’a rendu despotique et rageur ;
Il est chez lui le seul, l’indiscutable maître,
Et ne perd jamais une occasion de l’être ;
Il professe que la bonne cohésion
D’un groupement dépend de l’humble adhésion
Et de l’obéissance exacte, immédiate
De tous aux ordres brefs, précis, d’un autocrate ;
Il dit qu’on n’obtient rien de bon par la douceur.
Il se tient entre deux gros enfants, frère et sœur ;
À sa gauche, distraite, absente, la fillette
Regarde en l’air avec suite ; elle s’inquiète