Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/158

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Les réveils ébahis dans le train qui déraille,
Pratiqué partout la table d’hôte où l’on raille
Sans sourire, à voix très basse, le front trop grand
De l’inconnu qui vous fait face et qui vous rend
Discrètement, avec loyauté, la pareille
En s’escrimant sur la largeur de votre oreille,
Sur votre nez trop en pointe ou trop relevé,
Sur la gêne, sur le ridicule achevé,
Sur la prétention sotte de votre mise
Ou sur votre apparence insigne de bêtise.
Les deux femmes ont tout sondé, tout visité,
Mais par désœuvrement pur, sans nécessité,
Sans soif d’apprendre, sans que leur esprit stérile
Ait cueilli quelque fait captivant entre mille ;
Leurs patients espoirs n’ont été ni déçus
Ni surpassés par les sites, les aperçus ;
Elles n’ont pas cherché de couleurs personnelles
Dans leurs impressions ni piteuses ni belles,
Et n’ont pas entassé de souvenirs puissants.