Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/159

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Sur le trottoir, un peu plus loin, quelques passants
Sont dispersés. Un homme assez vieux, mais que l’âge
N’a pu rendre ni plus réfléchi ni plus sage,
Erre sans but ; il est robuste, mâle, ardent,
Encore vert, encore impulsif, imprudent ;
Malgré sa barbe blanche il reste incorrigible
Et se fera toujours traiter d’enfant terrible
Par les femmes ; jusqu’à son fatal dernier jour
Il tendra toutes ses facultés vers l’amour,
Tressaillera de joie au son d’une voix fraîche,
S’attendrira devant l’or d’une ancienne mèche
Coupée et conservée, et sera remué
Par un regard soit chaud, soit pâle, exténué ;
Il est inconséquent, versatile, volage ;
Il passe de la jeune ignorante, sauvage,
Qui veut détourner sa bouche et qui se défend,