Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/164

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Quand il se livre à ses fictions ; au contraire,
Dans la foule, dans la cohue il est ravi ;
Au milieu d’une fête il se trouve servi
À souhait, il sourit de bonheur, il exulte
De savoir s’isoler dans le pire tumulte ;
Sans prêter d’importance au bavardage, il suit
Son idée et médite ainsi qu’en pleine nuit,
Quand le silence long, studieux, de ses veilles
Laisse tranquilles sa pensée et ses oreilles.

Un élégant sanglé, coquet, est à l’affût
D’un sourire ; il fait un exemplaire salut
Sans pourtant abaisser les yeux ; il le décoche
Avec art, garde son chapeau bas et rapproche
Les talons ; son maintien apprêté, sa raideur
Ne réfléchissent ni surface ni tiédeur
Dans son hommage ; sa nature habile et plate
Le pousse au compliment qui déconcerte ; il flatte
À bout portant, est plein d’harmonieux échos,
Conte aux amis le bien que derrière leur dos