Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/168

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De mystères privés ; il sait s’approprier
Les secrets, les mettre à l’étude, les trier ;
Il espionne les gens, les vise, les guette
Sans que son jeu transpire.

Une vieille coquette
Romanesque, vibrante, est placée à l’avant
Et regarde debout, seule, triste et rêvant ;
Elle n’a pas encore abandonné l’œillade,
Comprend le suicide amoureux, la noyade
Ou le fatal réchaud ; son cœur s’est entêté
À battre vite ; les premières nuits d’été,
Quand la nature sent sa force qui redouble,
Quand tout revit, quand tout sort, lui causent un trouble
Délicieux ; alors elle songe aux moments
Extra-terrestres dont profitent les amants ;
Elle regrette sa fugitive jeunesse ;
Elle est sentimentale, ardente, a soif d’ivresse,
Contemple les soleils couchants, aime les vers,
Copie ensemble les beaux qu’elle a découverts,