Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/170

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La surface polie et parfaite de l’eau ;
Il s’oublie au milieu du lac ; il trouve beau
L’horizon reculé de tous les côtés, ample ;
Il s’étale dans ses réflexions, contemple ;
C’est un imprévoyant, un bohème, un rêveur,
Un fainéant ; il faut sans cesse qu’un sauveur
Le tire du bourbier dans lequel il s’enfonce ;
Aucun métier ne lui réussit ; on renonce
À lui mettre du plomb en tête, à corriger
Sa paresse ; on préfère en rire et l’obliger ;
C’est vainement qu’on lui fait honte, qu’on le prêche ;
Il sait que chaque fois qu’il sombre on le repêche ;
Il est admis qu’il n’a pas la vocation
Du noble entêtement, de l’application,
Et qu’il faut à certains jours lui tendre la perche ;
On l’excuse, on l’adopte, on l’aime, on le recherche ;
Il est né gaspilleur, léger, et mourra tel.