Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/171

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Beaucoup plus près, à droite, en face de l’hôtel,
S’étend partout un grand jardin public ; au centre
Un kiosque élevé, vers lequel se concentre
L’attention, est plein d’ardents musiciens ;
Le chef d’orchestre sent bien que ce sont les siens,
Qu’aucun n’est étranger ou novice ; il est maître
De tous leurs mouvements, sait leur faire connaître
Sa moindre intention ; il nuance à son gré,
Leur communique son âme, son feu sacré ;
Il les manie, il les enflamme, il les anime ;
En ce moment précis, rare, il atteint la cime
D’un crescendo fini, mûr ; c’est l’éclosion
D’un de ces grands tutti pleins dont l’explosion
Donne un frisson heureux, séduit, grise, transporte,
Tant elle est empoignante, irrésistible, forte,
Tant son timbre est fondu, satisfaisant et chaud ;