Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/173

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Fait la même partie, en prenant moins de mal ;
Il est moins boursouflé, moins divin dans son geste ;
Il pousse son archet très haut ; il ne lui reste
Que peu d’espace avant d’en atteindre le bout ;
Il a beau ralentir, il dépensera tout
En attendant ainsi que la note prochaine
Le fasse revenir sur ses pas et s’enchaîne ;
On craint qu’elle ne lui vienne en aide trop tard ;
Il est épris de sa carrière, de son art,
Et goûte la musique impérissable et saine.
Les violons sont au nombre d’une dizaine
Des deux côtés du chef ; inégaux, les archets
Ne sont jamais au point pareil de leurs trajets,
Mais les proches, entre eux, sont assez parallèles.
Juste en face du chef plusieurs violoncelles
S’alignent ; les joueurs allongent fort le bras
Car ils ont à tenir sur une corde, en bas,
Avec un doigt tendu, raide, une note haute ;
Un d’eux, l’œil fixe, a grand’peur de faire une faute ;
Sans se préoccuper de celui qui conduit,