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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/179

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En toute liberté ; son maintien insolent
Est celui d’un garçon énervant, turbulent ;
Il est assis la tête au dossier ; il se vautre
En croisant haut ses deux jambes l’une sur l’autre ;
Il est insupportable, ingrat, mal élevé ;
Son instinct batailleur, brouillon, n’est entravé
Par aucune contrainte assez dure ou sévère ;
On lui relâche la bride, on lui laisse faire
Ses caprices les plus bêtes et saugrenus.
Une femme a ses doigts maigres à demi-nus
Qui sortent librement de légères mitaines.
Une autre, infatuée, a des mines hautaines ;
Sa bouche de pimbêche a l’air de se pincer
Pour prendre les devants et pour bien évincer
Tous les impertinents qui trouveraient l’audace
De faire en l’accostant sa connaissance. En face,
Parmi les gens qu’on voit de plus près, mais de dos,
Un homme somnolent, apoplectique, gros,
S’abandonne à la plus inféconde inertie ;
Rien ne dérange sa torpeur ; sa calvitie