Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/183

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Qui court au milieu du gazon et des massifs ;
Le petit lève au ciel ses grands yeux attentifs
Qui passagèrement sont convergents ; il guette,
Pour le surprendre au beau milieu de sa raquette,
Le volant qui finit sa courbe et, déja droit,
Retombe impondérable et toujours à l’endroit.

Plus à droite, dans un coin de la même allée,
Une femme aux traits fort jeunes s’est installée
Sur le lieu le plus loin de tout, le plus désert ;
Elle a sur ses genoux un livre encore ouvert ;
Ses yeux ont délaissé la page, elle les lève,
Et, sous l’impression du chapitre, elle rêve
Aux existences des personnages fictifs
Passionnés, vivants, ambitieux, actifs,
Dont les conflits ou les baisers forment l’intrigue ;
Elle s’arrête pour suspendre sa fatigue
Et se demande avec doute si, quelque jour,
Elle aussi connaîtra le dévorant amour
Qui trouble le sommeil et fait qu’on se décide,