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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/195

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Du couvent, n’a jamais rien entendu de fort
Et garde une réserve assidue et farouche.
Elle rougit pour un mot, n’ouvre pas la bouche,
Ne tourne pas la tête, endigue son maintien,
Ne répond que par oui, par non, ne touche à rien ;
Elle possède sa grammaire et son histoire.

Des gens, en attendant leur tour avant de boire,
Forment des groupes. Deux ménages s’abordant
Comptent patienter mieux tout en bavardant.
Un des maris est vieux mais cambré ; sa moustache
Retombe fortement sur sa bouche et la cache ;
Il la tripote ; c’est un brave général
Entiché de ses longs exploits, peu cérébral,
Piétinant dans un cercle étroit ; il ne discerne
Pas grand’chose en dehors des faits de la caserne.
Il a, même en civil, un parler sec et bref,
Conservant ses façons tranchantes de grand chef.
Il adore qu’on le traite de dur-à-cuire.
D’après lui le duel est fait pour se détruire ;